À tous les défenseurs de la démocratie et de la paix du monde
La présence du crime organisé au Chiapas, Mexique, et les scènes de violence, agressions et affrontements se multiplient. Certains faits sont amplifiés, d’autres demeurent obscurs.
Mais la conflictualité n’est pas seulement liée au crime organisé, mais aussi à de multiples affrontements pour des motifs religieux, agraires, sociaux, de genre et d’injustice.
Les armes, le trafic de drogues, les enlèvements, le prélèvement de droit d’habitation, l’existence de forces irrégulières armées ou de populations civiles qui sont obligées de s’incorporer dans les barrages, les déplacés, les expulsés de leurs maisons et propriétés ont tous leur origine dans la logique des centres du pouvoir et de l’argent.
En liaison avec le crime organisé on trouve des intérêts économiques, comme les entreprises minières dont on sait qu’elles se font accompagner de bandes armées irrégulières, ou les intérêts dans les champs pétroliers, ou ceux de l’eau ou des ressources naturelles. Il s’agit d’expropriation par le contrôle du territoire.
Nous savons bien sûr que le grand marché des armes, de la drogue, des migrants illégaux a son centre dans les grandes métropoles impériales qui ont soumis à coups de politiques néolibérales, de coups d’Etat, de dictatures le peuple nord américain lui-même, l’Amérique Latine comme le monde entier.
Cette logique et politique impériale a sapé les avances économiques et démocratiques qui ont été mises en œuvre avec la “Quatrième Transformation”.
Cette logique est manifeste dans les média qui amplifient certains faits et font largement silence sur le fait que l’origine de cette violence réside dans le chaos imposé depuis plus de 30 ans par les gouvernements néolibéraux eux-mêmes qui ont été, de façon précise et avérée, les commanditaires principaux des groupes délinquants.
De même les appels de la droite au “des balles, pas des embrassades”, c’est à dire à l’utilisation de la force pure et simple, signifient l’attaque contre les voisins, les familles, les communautés qui ont été obligés de participer à des actions du crime organisé.
Au Chiapas il est visible que cette violence pousse à la sélection de candidats “à la main dure” et plus ouvertement droitiers qui sont précisément liés au crime organisé. Evidement cette tendance est également présente au niveau national.
Par ailleurs, sans aucun doute, la stratégie actuelle du gouvernement est insuffisante.
D’un point de vue Constitutionnel la sécurité publique dans la zone est à la charge de l’Etat Libre et Souverain du Chiapas. Mais ce dernier n’est pas en condition d’affronter les pouvoirs multinationaux du crime organisé.
En outre s’ajoute la corruption de tout le pouvoir judiciaire à tous les niveaux dans toutes les structures et, sans aucun doute, les intérêts personnels et l’incapacité manifeste du pouvoir législatif local.
Et la corruption à tous les niveaux, dans une plus ou moins grande mesure, dans les municipalités, les terrains communaux et les localités
Voilà la scène.
La vie de villages entiers est en danger dans les différentes régions. Nous avons des familles déplacées, sans rien à manger, des voisins disparus, des menaces de séquestrations et d’enlèvements, en plus d’être plongés dans divers foyers de conflits politiques, territoriaux et/ou agraires.
De notre point de vue on doit mettre au centre de l’action politique un plan intégral de Justice et de paix pour le Chiapas.
C’est à dire :
A – La création d’un espace interinstitutionnel fédéral et local –exécutif et législatif inclus -, avec la présence d’organismes de défense des droits, de personnalités emblématiques, de militants sociaux, et d’églises qui répondent de façon ponctuelle, explicite et urgente aux dénonciations qu’on lui présente depuis les différents points de l’Etat.
B- Cet espace interinstitutionnel et social pour la Paix au Chiapas doit avoir un accompagnement international d’institutions et de groupes indépendants de défenseurs des droits.
C – Les actions de cet espace doivent être publiques, explicites et expéditives pour porter attention aux graves besoins dans les différentes régions de l’Etat (du Chiapas).
D – L’installation de cette instance doit s’accompagner, bien sûr, de la mobilisation sociale et politique des forces démocratiques.
Mesures
Conformément à ce qui a été exprimé par différents secteurs de la population, nous demandons :
1 – Que les forces de sécurité de l’Etat soient présentes dans les zones conflictuelles et qu’elles y demeurent le temps nécessaire au rétablissement des conditions d’exercice des droits et des libertés.
2 – Cette présence des forces de sécurité doit être surveillée par la société et les organismes de défense des droits pour empêcher les excès, les injustices ou les fautes dans l’accomplissement de leur devoir de sécurité publique.
3 – Programme et actions immédiates pour porter assistance urgente aux victimes qui sont déplacées, sans nourriture, toit et conditions sanitaires élémentaires. Qu’on y inclue des hébergements d’urgence et des programmes temporaires d’emploi. Ainsi que des brigades médicales et des cuisines communautaires.
4 – recherche et localisation des disparus dans toutes les régions.
5 – Restitution des terrains, boutiques et autres biens saisis et envahis par les actions du crime organisé.
6 – Générer les conditions de sécurité pour le retour des déplacés.
7 – Mettre en œuvre des mesures de précaution pour tous les militants sociaux, activistes et communautés menacés par le crime organisé ou dans le contexte d’affrontements.
8 –Répondre aux conflits agraires, territoriaux, de possessions, d’abus d’autorité et de négation des droits qui se corrèlent et renforcent les affrontements dans le contexte des actions du crime organisé et qui font partie de l’ingouvernabilité dans les différentes communes et régions.
9 – Construire de justes voies pour l’exercice de la justice à la charge du pouvoir judiciaire ainsi que pour le respect des dispositions légales en vigueur qui ne sont pas appliquées.
Nous demandons à tous les secteurs démocratiques et défenseurs des droits dans le monde d’adhérer à ce plan.
Nous appelons à la mobilisation et à l’expression publique pour rendre possible cet espace d’attention réelle à la grave situation dans laquelle nous nous trouvons.
International
Enfin, nous affirmons qu’il est nécessaire d’articuler des actions internationalistes avec les groupes et organisations des différents pays pour protester contre la circulation des armes qui sont utilisées par la délinquance organisée contre nos peuples, pour se prononcer en faveur de la levée du secret bancaire et de la prise de toutes les mesures financières contre les réseaux de la délinquance organisée et de tous les corrompus de tous bords.
L’action internationaliste que nous indiquons doit s’inscrire dans le cadre la défense des droits démocratique de tous les peuples.
L’appel
Centrer nos efforts, moyens de communication, analyses pour construire une issue de paix à la violence qui frappe nos personnes et les peuples du Chiapas.
Avec espoir et détermination
Organización Proletaria Emiliano Zapata- Frente de Organizaciones Sociales Independientes de Chiapas (OPEZ-Fosich), Movimiento de Pueblos Originarios en Resistencia (Mopor), Movmiento Socialista del Poder Popular.
2 octobre 2023