Russie/Ukraine octobre 2025: drones, craintes et réarmement en Europe + quelles résistances anti-impérialistes

Ces notes ont servi de base à un rapport par Christian Varquat à la réunion du Bureau de la Quatrième internationale en octobre 2025.

 

1.- Poursuite des offensives russes poutiniennes en Ukraine

L’invasion russe à grande échelle de l’Ukraine et la guerre ont dépassé 3 ans et demi.

- sur le front, les troupes russes continuent les attaques le long du front et avancent très lentement dans le Donbass, Kharkhiv, Zaporija, Dnipro, au prix de pertes énormes… et les ukrainiens tiennent malgré l’épuisement et les politiques antisociales du gouvernement ukrainien. L’utilisation de drones de tout type joue un rôle majeur.

- Poutine accentue sa politique de bombardements des villes et infrastructures en particulier énergétiques, dans toute l’Ukraine, de manière permanente. Avec moins de missiles, mais beaucoup plus de drones.

- On constate aussi la russification forcée des régions occupées : répression féroce, accaparements de propriétés par des russes amenés de loin ; passeports, éducation russes imposés, enrôlements forcés dans l’armée russe, et politique d’enlèvements de dizaines de milliers enfants pour les russifier.

 

2. Le courant alternatif avec Trump

- le sommet d’Anchorage 15 août 2025 : Poutine a obtenu une reconnaissance/ valorisation par Trump, les arguments sont partagés sur certains points (faire porter à Biden et aux européens la responsabilité de la guerre, la Crimée serait russe…).

- un accord pour mettre fin à la guerre serait proche (mais sans commencer par un cessez le feu), toute la pression est sur l’Ukraine… mais aucune avancée concrète.

- Trump a montré son impatience les semaines suivantes : refus puis accord pour fournir des armes à l’Ukraine, pressions sur Zelensky pour céder des territoires, puis sur Poutine, sommet de Budapest fin octobre claironné puis annulé, annonce de sanctions envers la Russie ensuite relativisées… Trump cherche un accord comme celui sur Gaza.

 

3. Les banderilles russes de septembre en Europe...et les réactions

- On a vu de multiples drones et survols militaires par Poutine vers les pays européens :

Juillet Lituanie,10/09 drones Pologne, 13/09 drones Roumanie,19/09 Mig Estonie, 25/09 Mig Lettonie ; drones survolants des aéroports au Danemark, Suède, Norvège, Lituanie, France, Allemagne et Belgique.

- la « flotte fantôme » russe continue de transporter des produits d’exportation, et de mener également des petites provocations/tests de réactions européennes.

- les cyberattaques russes continuent, les tentatives de déstabilisation politique, les pressions sur les élections en Moldavie- et ailleurs ?...

--> l’Union européenne accélère laborieusement le soutien à l’Ukraine... et vigoureusement la politique industrielle de réarmement !

 

4. Réalités et contradictions de la dynamique de réarmement européenne

- Il y a une peur réelle de la Russie poutinienne fascisante… et des USA de Trump dans l’opinion publique de la plupart de pays européens, sauf à l’extrême-droite.

- Il y a une instrumentalisation de cette peur par le gouvernements pour légitimer le réarmement, avec un double discours démocratique différent envers la Russie, Israel, les dictatures du Sud global.

- on peut considérer le peu de cohérence de l’aide à l’Ukraine des principales puissances européennes depuis février 2022, différente des états de l’Est et du Nord de l’Europe: tentatives de compromis avec Poutine (Solz, Macron), envois d’armes beaucoup plus affirmés que réalisés, comme les sanctions envers les responsables russes.

- des politiques néolibérales sont exigées même quand elles affaiblissent concrètement les ukrainiens, l’endettement est un outil pour accroître la dépendance de l’Ukraine.

- l’orientation mortifère du réarmement de l’Union Européenne et de chaque Etat européen se déploie : c’est l’affirmation (velléitaire?) d’une « Europe de la défense » dans la concurrence et la crise économique mondiale, sous pression US (pour Trump/contre lui selon les moments) et adossée à l’OTAN et à l’Europe forteresse !!!

Après une baisse importante après 1991, on a vu un doublement des budgets de défense européennes en 20 ans (surtout ces 10 dernières années), mais avec des traductions industrielles et militaires très peu coordonnés. Ces budgets représentent 2 % du PIB européen aujourd’hui (USA 3,1%). +19 % en 2024, +7,2 % en 2025

On voit cette accélération militariste d’abord en Europe centre-orientale (Pologne 4,8 % du PIB), puis Allemagne (+20 % 2026), France (+13 % en 2026), Royaume Uni...

L’objectif est un nouveau doublement de ces budget à l’horizon 2035 pour atteindre 3,5 % du PIB européen.

 

5. Comment lutter contre le réarmement et pour les droits des peuples ?

- L’Ukraine n’est qu’un prétexte, le soutien militaire à son autodéfense est possible sans augmenter les budgets militaires au détriment des budgets sociaux et environnementaux (en passage en récupérant les avoirs de l’État, des grandes entreprises et des oligarques russes gelés)

- la lutte contre le populisme d’extrême-droite est d’abord socio-politique et démocratique

- les questions de défense nous intéressent, il est indéniable que le régime russe se concentre toujours plus sur une logique impérialiste et guerrière en concentrant ses moyens militaires, cela fait partie de sa politique d’asservissement de son peuple pour survivre.

Mais nos considérants et nos conclusions sont bien sûr différents des capitalistes et de leurs serviteurs. Notre boussole est l’émancipation populaire, la démocratie et l’allocation des moyens avant tout à la justice sociale et environnementale.

Il y a des leçons de la résistance ukrainienne, en positif et en négatif, et il y a des élaborations nouvelles à faire pour avoir une politique indépendante !

- Nous devons continuer à soutenir et à nous lier à nos camarades ukrainiens de Sotsialnyi Rukh et aux forces de la société civile qui en Ukraine luttent sur deux fronts : contre l’invasion impérialiste de Poutine, et contre leur gouvernement néolibéral et corrompu (on a vu à un niveau large au mois d’août la matérialité de cette orientation)

- Nous devons aussi soutenir les opposants russes qui la partagent.

- Nous devons tenter de renforcer les gauches européennes internationalistes, anticolonialistes, anticapitalistes et contre le réarmement antisocial et antienvironnemental

Par exemple dans des conférences européennes de mouvements sociaux comme celle de Bruxelles au printemps dernier, qu’il est question de renouveller à Paris en juin 2026

27 octobre 2025

Christian Varquat