Face à la convergence des crises, le défi de faire avancer les travailleur·es et les peuples

Le siège et le massacre en cours contre les Palestinien·nes de Gaza, menés par l’État israélien avec le soutien ouvert des États-Unis et le silence complice des autres puissances impérialistes occidentales, s’ajoutent à la guerre de Poutine contre l’Ukraine pour prouver l’instabilité et la violence brutale qui caractérisent le nouveau scénario géopolitique mondial. La multiplication des guerres et l’aggravation des tensions entre et au sein des États ne sont qu’un des signes de la nouvelle période historique de convergence des crises, qui a débuté avec la crise de 2008.

Le texte suivant n’est pas un travail personnel mais le résultat de discussions que nous avons eues ces derniers mois entre les membres du Comité international de la IVe Internationale. Nous constatons une situation d’internationalisation sans précédent des grandes questions qui se posent à l’humanité. La crise du capitalisme a pris une nouvelle ampleur depuis le krach de 2008 et la récession qui a suivi, mais surtout avec la pandémie de Covid. La crise capitaliste est clairement devenue multidimensionnelle. Il y a une convergence, une articulation entre la crise environnementale – qui produit depuis quelques années des phénomènes climatiques de plus en plus extrêmes, dont les récentes vagues de chaleur excessive – et la phase de stagnation économique durable, avec l’intensification de la lutte pour l’hégémonie dans le système interétatique entre les États-Unis et la Chine, avec les avancées de l’autoritarisme et du néofascisme, avec la résistance des peuples et des travailleurs et la multiplication des guerres dans le monde (Palestine, Ukraine, Soudan, République démocratique du Congo et Myanmar).

Cette articulation montre que nous sommes entré·es dans un nouveau moment de l’histoire du capitalisme. Une période qualitativement différente de celle que nous avons vécue depuis la mise en place de la mondialisation néolibérale à la fin des années 1980 et beaucoup plus conflictuelle du point de vue de la lutte des classes que celle qui s’était ouverte avec l’effondrement de l’Union soviétique et des régimes bureaucratiques d’Europe de l’Est. Comme nous le disions en mars 2021, « la pandémie aggrave la crise multidimensionnelle du système capitaliste et ouvre un moment d’imbrication de phénomènes anciens qui s’étaient développés de manière relativement autonome et qui, avec la pandémie, convergent de manière explosive : […] Il s’agit de processus qui se manifestent et interagissent entre eux, modifiant l’ordre mondial hérité des années 1990 avec la fin du bloc de l’Europe de l’Est, l’implosion de l’URSS et la restauration capitaliste tant dans cette partie du monde qu’en Chine ».

La toile de fond et le point de rencontre de toutes les facettes de cette crise multidimensionnelle, c’est la crise écologique, causée par deux siècles d’accumulation capitaliste prédatrice. L’escalade de la crise climatique et environnementale frappe durement l’humanité et la vie sur la planète : le climat s’emballe, la biodiversité disparaît, on est face à la pollution, à des contaminations et à des pandémies. L’économie mondialisée, basée sur la combustion d’énergies fossiles et la consommation croissante de viande et d’aliments ultra-transformés, produit rapidement un climat qui réduira les limites dans lesquelles l’humanité peut vivre sur la planète. La fonte des pôles et des glaciers accélère la montée des eaux et la crise de l’eau. L’agro-industrie, l’exploitation minière et l’extraction d’hydrocarbures progressent (non sans résistance) sur les forêts tropicales, pourtant essentielles au maintien des systèmes climatiques et de la biodiversité de la planète. Les effets de la crise climatique continueront à se manifester violemment, détruisant les infrastructures, les systèmes agricoles, les moyens de subsistance et provoquant des déplacements massifs de populations. Rien de tout cela ne se produira sans une exacerbation des conflits sociaux.

Cette situation a-t-elle des précédents ? C’est un débat collatéral mais très animé parmi les historiens. Bien sûr, ce qui se rapproche le plus de ce que nous vivons aujourd’hui, c’est la convergence des crises qui a eu lieu au début du 20e siècle – celle qui a abouti à « l’âge des catastrophes », comme l’a nommé Hobsbawm (1914-1946), et à deux guerres mondiales sanglantes. Il y a au moins deux très grandes différences avec cette situation : premièrement, nous sommes aujourd’hui face à la crise écologique. Le système a créé les conditions d’une complète transformation, régressive, de la vie de l’humanité et de toutes les formes de vie. La seconde, non moins cruciale, est que les changements, de plus en plus rapides, se combinent avec le maintien d’un élément de la période précédente : l’absence d’une alternative au capitalisme qui soit crédible aux yeux des masses, l’absence d’une force ou d’un ensemble de forces anticapitalistes dirigeant des révolutions économiques et sociales.

Ce n'est pas qu'il n'y ait pas de luttes et de résistances. Au contraire. Ce siècle a connu au moins deux grandes vagues de luttes démocratiques et anti-néolibérales, dont ont fait partie le mouvement des femmes, un mouvement renouvelé, et le mouvement antiraciste qui a débuté aux États-Unis. Cependant, ces grandes luttes ont été confrontées, d’un point de vue objectif, non seulement au capitalisme néolibéral et à ses gouvernements, mais aussi aux dilemmes de la réorganisation structurelle du monde du travail – la classe ouvrière industrielle a perdu de son poids social dans une grande partie de l’Occident ; les opprimé·es, les jeunes et les nouveaux secteurs de travailleur.es précaires ne sont pas encore organisés de manière permanente et ont en général des difficultés à s’unir avec le mouvement syndical. Cette situation s’accompagne d’une régression de la conscience des opprimé·es et des exploité·es, affectée par les reconfigurations géographiques, technologiques et structurelles et par l’hyper-individualisme néolibéral. À cela s’ajoute l’extrême fragmentation de la gauche socialiste, pour constituer une situation où les luttes sont plus difficiles et où les résultats en termes de conscientisation et d’organisation politique sont plus rares.

La combinaison des crises les amplifie

Caractériser la crise capitaliste comme multidimensionnelle signifie qu’il ne s’agit pas d’une simple somme de crises, mais d’une combinaison dialectiquement articulée, dans laquelle chaque sphère a un impact sur l’autre et est impactée par les autres. En ce qui concerne la relation entre l’économique-social et l’écologique, les pays impérialistes centraux de l’Ouest et de l’Est (du moins du point de vue d’une partie non suicidaire des bourgeoisies centrales) ont le défi très difficile de mettre en œuvre une transition énergétique qui minimiserait les effets du changement climatique à un moment où la tendance à l’accélération de la baisse du taux de profit s’accentue. Le lien entre la guerre en Ukraine (avant l’explosion du conflit en Palestine) et la stagnation économique a aggravé la situation alimentaire critique des plus pauvres dans le monde, avec plus de 250 millions de personnes supplémentaires souffrant de la faim en dix ans (2014-2023). Le flux de personnes déplacées par les guerres, le changement climatique, la crise alimentaire et la propagation des régimes répressifs augmente, en particulier dans les pays du Sud, bien que les médias accordent plus d’importance aux déplacements forcés Sud-Nord.

Les perspectives désastreuses dans les domaines environnemental et économique, depuis au moins 2016, ont sans aucun doute joué un rôle important en poussant une partie des fractions bourgeoises dans différents pays à se détacher du projet des démocraties formelles comme meilleur moyen de mettre en œuvre les préceptes néolibéraux. Des secteurs de plus en plus importants de la bourgeoisie adoptent des alternatives autoritaires au sein des démocraties libérales, ce qui a conduit au renforcement des mouvements fondamentalistes de droite et des gouvernements d’extrême droite (Trump, Modi, Bolsonaro), ainsi qu’à l’établissement de liens entre les partisans de ces forces à l’échelle internationale.

L’expansion d’une sociabilité néolibérale hyper-individualiste qui, combinée à l’utilisation par la droite des réseaux sociaux et peut-être maintenant de l’IA, favorise encore plus la dépolitisation, la fragmentation des classes et le conservatisme. Les technologies numériques contribuent également à approfondir la subordination-clientélisation de la petite et moyenne paysannerie, voire leur réduction massive, alors qu’elles sont les principales productrices d’aliments dans le monde. D’autre part, le néolibéralisme, en continuant à attaquer violemment ce qui reste des États-providence, en imposant la surexploitation des travailleuses et travailleurs de l’industrie et des services, et surtout des soignant·es, jette les femmes, en particulier les travailleuses, dans le dilemme de survivre (mal) ou de se battre.

Avec les plans d’austérité le système s’attaque brutalement aux services sociaux qu’il avait créés dans le passé : il les supprime complètement ou, lorsque des bénéfices peuvent être réalisés, les donne au secteur privé. De cette manière, le néolibéralisme maintient les femmes dans la main-d’œuvre formelle (dans le Nord) ou moins formelle, plus informelle (dans le Sud), réduisant encore les salaires et les revenus de celles qui « travaillent à l’extérieur » ou fournissent des services, tout en accablant les femmes actives dans leur ensemble avec les tâches de soins aux enfants, aux personnes âgées, aux malades, aux personnes différentes – le travail que l’État-providence couvrait autrefois, lorsqu’il existait. Les réseaux de reproduction sociale étant en crise, davantage dans les pays néocoloniaux que dans les métropoles, la société néolibérale « domestifie » (rend domestique à nouveau) et racialise (confie aux femmes non blanches, noires, indigènes, immigrées) les tâches de soins, mais n’assume pas la responsabilité de la reproduction sociale dans son ensemble.

D’un point de vue géoéconomique, dispositifs numériques et algorithmes permettent au capitalisme néolibéral d’aujourd’hui et à son système interétatique d’exploiter de nouvelles forces productives (plateformes numériques), de nouveaux types de relations sociales de production (ubérisation) et la marchandisation de diverses relations sociales . Dans le même temps, le centre de gravité de l’accumulation mondiale de capital s’est déplacé au 21e siècle de l’Atlantique Nord (Europe-États-Unis) vers le Pacifique (États-Unis, en particulier la Silicon Valley, l’Asie de l’Est et du Sud-Est). Ce n’est pas seulement la Chine qui est décisive, mais toute la région, du Japon et de la Corée à l’Australie et à l’Inde.

Sur le plan politique, le grand ennemi

Les nouvelles extrêmes droites, sous différentes versions, progressent en Europe – en France elles pourraient arriver au gouvernement –, en Amérique latine, où elles viennent de conquérir la Casa Rosada (Argentine), après le coup d’État de Dima Boluarte au Pérou, en 2022, et aux États-Unis, où Trump pourrait revenir à la Maison Blanche. Elles sont de véritables menaces en Asie, avec le fils du dictateur Marcos aux Philippines et le xénophobe anti-musulman Narendra Modi en Inde. Dans cette crise politique de longue durée, le mécontentement touche de plein fouet non seulement la droite « traditionnelle » ou plus « cosmopolite » (au sens de néolibérale « progressiste », comme le dit Nancy Fraser), comme aux États-Unis, en Italie, en Inde (Parti du Congrès) et aux Philippines, mais aussi les social-démocraties et les « progressismes » qui ont cogéré les États néolibéraux des dernières décennies – cf. les victoires de Duterte en 2016 contre une coalition de droite et de Bolsonaro contre le PT en 2018, ainsi que la récente défaite du péronisme et la montée de Vox en Espagne.

Depuis 2008, et de manière plus marquée depuis le Brexit et la victoire de Trump en 2016, les mouvements et partis d’extrême droite se sont renforcés et multipliés avec des victoires électorales à l’intérieur des systèmes politiques. Ils se présentent comme contre-systémiques, bien qu’extrêmement néolibéraux, conservateurs, nationalistes, xénophobes, racistes, misogynes, antiféministes, anti-droits LGBTQIA+, transphobes, et inspirés ou massivement soutenus par le fondamentalisme religieux, de type chrétien néo-pentecôtiste en Amérique latine et aux États-Unis, et hindouiste en Inde. Contrairement aux fascismes d’il y a cent ans, ils répandent le négationnisme scientifique, la négation de la science dans la compréhension du changement climatique – parce qu’ils ont besoin de nier la réalité tragique pour présenter un quelconque espoir – et dans l’orientation de la prise en charge collective des populations face aux pandémies et aux épidémies.

La montée de cette constellation de néo ou post-fascismes est principalement le résultat d’au moins deux décennies de crise des démocraties néolibérales et de leurs institutions. Ces régimes néolibéraux ont été responsables – et sont perçus comme tels par les populations – de l’accroissement des inégalités, de la paupérisation, de la corruption, de la violence et de l’absence de perspectives pour les jeunes. Ils se sont révélés incapables de répondre de manière satisfaisante aux aspirations des peuples et des travailleurs. La racine profonde de la nouvelle extrême droite est donc le désespoir des secteurs sociaux appauvris face à l’aggravation de la crise, la désintégration du tissu social imposée par le néolibéralisme – dans lequel le fondamentalisme religieux se développe – combinée aux échecs des « alternatives » représentées par le social-libéralisme et le « progressisme ». En conséquence, des fractions de la bourgeoisie sont apparues et se sont développées dans le monde entier, qui soutiennent le néofascisme en tant que solution politico-idéologique capable de mettre fin à des régimes, de contrôler les mouvements de masse d’une main de fer, d’imposer des ajustements brutaux et des dépossessions afin de récupérer les taux de profit. L’exemple le plus notable de cette division est la polarisation aux États-Unis entre le trumpisme (qui a pris d’assaut le Parti républicain) et le Parti démocrate.

Parallèlement et conjointement, on assiste au renforcement d’une tendance : théocraties meurtrières et véritables califats au Moyen-Orient, dictatures en Asie centrale, néofascisme oligarchique-impérial de Poutine en Russie, tandis que le Parti communiste chinois sous Xi Jing Ping étend la répression. Cette combinaison constitue une menace historique pour les libertés civiles et les acquis démocratiques partout dans le monde, parmi lesquels les révolutionnaires, sans abaisser notre critique des limites des démocraties bourgeoises formelles, valorisent tout particulièrement le droit des exploités et des opprimés à lutter et à s’organiser pour lutter. Dans ce contexte défavorable à celleux d’en bas, la soi-disant gauche nostalgique du stalinisme qui défend Poutine et le modèle chinois ou Maduro et Ortega comme alternatives au système impérial, collabore à l’affaiblissement et à l’usurpation de ces libertés, créant un obstacle de plus à la lutte pour une démocratie réelle et socialiste.

La crise économique et sociale

Nous vivons toujours sous l’impact de la grande crise financière de 2008, qui a ouvert une nouvelle grande dépression (au sens de Michael Roberts), comme celle des années 1873-90 et surtout comme celle de 1929-1933. Pour la plupart des analystes de gauche, nous vivons une crise de la mondialisation néolibérale. D’abord parce que ce mode de fonctionnement capitaliste n’est plus capable, comme par le passé, de garantir la croissance et les taux de profit qu’il a connus à la fin des années 1980 et 1990. Ensuite parce que la polarisation géopolitique, aggravée par l’invasion de l’Ukraine, par la progression des nationalismes et maintenant par le massacre de Gaza par Israël, ébranle les chaînes de valeur super-internationalisées (citons la chaîne énergétique Europe-Russie et la production mondiale de puces, cible de la fureur américaine pour empêcher le leadership chinois dans les télécommunications et l’intelligence artificielle). Avec la pandémie de Covid, puis l’invasion russe de l’Ukraine et ses conséquences, ainsi que la rivalité accrue entre les États-Unis et la Chine, les chaînes de production mondiales, déjà ébranlées, sont en train d’être remodelées. Cependant, aucune de ces difficultés n'empêche les gouvernements impérialistes néolibéraux et leurs subordonnés de poursuivre leurs ajustements et leurs attaques vicieuses contre les salaires et les budgets sociaux, ainsi que la marchandisation de l’agriculture.

Malgré la croissance dérisoire enregistrée après 2008, l’économie néolibérale lutte contre sa propre crise en fuyant vers l’avant, à travers la concentration continue du capital, la financiarisation, l’endettement public et privé, la numérisation – qui confère de plus en plus de pouvoir aux grandes sociétés transnationales en général et aux grandes entreprises technologiques en particulier. La combinaison de la stagnation en Occident, de l’inflation croissante (aggravée par la guerre en Ukraine) et de la mise en œuvre des mêmes politiques néolibérales ne fait qu’exacerber les inégalités sociales, régionales, raciales et de genre entre les pays et à l’intérieur de ceux-ci.

La reprise des échanges économiques internationaux et l’importante offre de crédit pour soutenir la reprise des activités après la pandémie de Covid ont créé une augmentation soudaine de la demande, une spéculation sur l’énergie et les matières premières et un niveau d’inflation inconnu depuis des décennies, une situation aggravée à tous égards par l’impact économique des guerres sur les chaînes de production et de distribution mondialisées.

La forte hausse de l’inflation est exacerbée par une spirale d’augmentation des marges bénéficiaires et des prix, et non par une spirale d’augmentation des salaires et des prix, contrairement à ce que prétendent la BCE et la Fed en particulier. La Fed, la BCE et d’autres banques centrales ont augmenté les taux d’intérêt, avec le risque d’une récession mondiale en 2023, et en affectant les systèmes financiers moins réglementés tels que ceux des États-Unis et de la Suisse. La recherche effrénée de la protection contre la crise (ou du maintien des profits) encourage la spéculation financière et menace en permanence le système avec la vague de faillites de 2008 qui a touché non seulement les banques mais aussi de grandes entreprises industrielles comme General Motors, Ford, General Electrics, ou de grandes sociétés immobilières. Outre son caractère récessif – qui ébranle le niveau de vie des masses laborieuses – la hausse des taux d’intérêt accroît les dettes souveraines et privées, créant les conditions de nouvelles crises de défaut régionales, voire mondiales.

L’ordre géopolitique en reconfiguration

Le « chaos géopolitique » dont nous parlions il y a quelques années s’est aggravé, d’une part, et, d’autre part, il donne lieu à ce que l’économiste marxiste Claudio Katz appelle une crise du système impérial, c’est-à-dire un affaiblissement de la puissance hégémonique accompagné de l’affirmation de nouveaux impérialismes, tels que le chinois et le russe. Il s’agit d’une reconfiguration en cours dans un contexte mondial d’immense instabilité, sans que rien ne soit consolidé, de sorte que toute affirmation catégorique est aujourd’hui un pari sur l’hypothèse la plus probable. En tout état de cause, l’unipolarité du bloc sous leadership américain n’existe plus.

Les faits montrent qu’avec le renforcement du géant asiatique dans les domaines économique, technologique et militaire, nous vivons, à tout le moins, un conflit inter-impérialiste basé sur la rivalité entre l’ancien système impérial – le bloc américain avec les impérialismes européens, la province canadienne, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie – et le bloc qui est en train de se construire autour de la Chine. Le bloc chinois en expansion et offensif inclut la Russie (malgré ses intérêts particuliers et ses contradictions avec Pékin), la Corée du Nord, de nombreuses républiques d’Asie centrale, se fait de nouveaux amis parmi les califats du Moyen-Orient (Arabie saoudite, Qatar, Bahreïn, Iran) et tente de transformer les BRICS en une alliance contre les impérialismes occidentaux.

La nature du « grand bond » chinois des 30 dernières années est capitaliste. Héritier d’une grande révolution sociale et d’un tournant restaurateur à partir des années 1980, indispensable à la refonte néolibérale du monde (menée en partenariat avec les États-Unis et leurs alliés), l’impérialisme chinois présente des caractéristiques particulières, comme tous les impérialismes. Il repose sur un capitalisme étatique planifié, centralisé dans le PCC et les forces armées chinoises, avec des politiques développementalistes classiques, où de nombreuses grandes entreprises sont des joint-ventures entre des entreprises appartenant à l’État ou contrôlées par l’État et des entreprises privées. Son impérialisme est encore, bien sûr, en construction, mais il est très avancé dans cette construction. Au cours des dix dernières années, la Chine a fait un bond en avant dans l’exportation de capitaux et est devenue le pays qui dépose et enregistre le plus de brevets au monde. Au cours des deux dernières années seulement, la Chine est devenue davantage un exportateur qu’un importateur de capitaux, en mettant l’accent sur ses participations dans des sociétés énergétiques, minières et d’infrastructure dans les pays néocoloniaux (Asie du Sud-Est et Asie centrale, Afrique et Amérique latine). Elle investit de plus en plus dans l’armement et franchit avec véhémence la ligne – Taïwan et la mer du Sud – que ses rivaux et les États plus faibles ne doivent pas franchir. Elle n’a pas encore envahi ou colonisé « un autre pays » sur le modèle européen ou américain, bien que sa politique à l’égard du Tibet et du Xijiang (et des petits territoires historiquement en litige avec l’Inde et le Bhoutan) soit essentiellement impérialiste et colonialiste.

La Russie d’aujourd’hui, en revanche, est l’État résultant de la grande destruction des fondations de ce qu’était l’Union soviétique et de la restauration chaotique et non centralisée qui y a eu lieu, basée sur la prise de contrôle d’anciennes et de nouvelles entreprises par des bureaucrates devenus oligarques. Poutine et son groupe, issu des secteurs des anciens services d’espionnage et de répression, ont conçu au début du siècle le projet de recentraliser le capitalisme russe, en utilisant les relations bonapartistes entre oligarques et une version 21e  siècle de la vieille idéologie nationale-impérialiste de la Grande Russie, transformée en principal instrument pour réaffirmer le capitalisme russe dans la concurrence impérialiste et pour accroître qualitativement la répression des peuples de la Fédération – y compris le peuple russe.

C’est dans ce nouveau contexte que nous devons comprendre l’invasion russe de l’Ukraine, la guerre qui dure depuis presque deux ans maintenant, et l’offensive israélo-américaine contre Gaza. La guerre en Ukraine pourrait durer encore longtemps, sans qu’aucune force armée ne l’emporte sur l’autre, d’autant que les Etats-Unis ont eu bien plus intérêt, en octobre 2023, à garantir par une aide militaire et financière le massacre palestinien que la guerre défensive du gouvernement et du peuple ukrainiens pour leur autodétermination. Les États-Unis sont à l’offensive avec Israël en Palestine, leur bloc reste actif sur le théâtre des opérations en Europe de l’Est, tout en se préparant à l’éventualité de conflits en Asie (Taïwan, mer de Chine) et en Océanie. Avec une Chine en difficulté économique, un Poutine renforcé pour l’instant et un régime américain en grave crise – avec la possibilité d’un retour de Trump à la Maison Blanche – le scénario du système capitaliste interétatique est celui de conflits croissants, de tensions et d’incertitudes tout aussi grandes pour les travailleurs et les peuples.

Ce nouveau (dés)ordre impérialiste n’a pas seulement entraîné des guerres en Ukraine et en Palestine. Nous assistons à la multiplication des situations de guerre dans le monde entier, comme en Syrie, au Yémen, au Soudan et dans la partie orientale de la République démocratique du Congo, sans parler des guerres civiles évidentes ou déguisées, comme la guerre civile au Myanmar, premier exemple de celles à venir, et la guerre permanente des États latino-américains contre les organisations criminelles, et de ces dernières contre les masses, comme au Mexique et au Brésil. Cette situation conflictuelle progresse dans la géoéconomie et la géopolitique de l’Afrique, où la Russie rivalise économiquement et militairement avec la France et les États-Unis, notamment dans les anciennes colonies francophones d’Afrique de l’Ouest. De son côté, la Chine continue d’essayer d’accroître son influence économique dans toutes les parties du continent africain. Ce nouveau désordre menace de multiplier les conflits inter-impérialistes et de relancer la course au nucléaire, rendant le monde plus instable, plus violent et plus dangereux.

L’émergence de rivaux n’enlève rien à la nature des États-Unis en tant que pays le plus riche et le plus puissant militairement, dont la bourgeoisie est la plus convaincue de sa « mission historique » de dominer la planète à tout prix, et donc de faire la guerre pour poursuivre son hégémonie. Le fait est que si les États-Unis sont imbattables en matière de coercition, ils ont un sérieux problème : une hégémonie impérialiste (comme toutes les hégémonies) ne peut être maintenue que si elle convainc également ses alliés et son opinion publique intérieure. L’Oncle Sam est en effet celui qui a le dernier mot dans la « collectivité » impérialiste encore hégémonique, mais il a de très graves problèmes qui n'existaient pas dans la période précédente : son élite économique et politique est divisée comme jamais auparavant sur le projet de domination intérieure (une société et un régime démocratique bourgeois en crise ouverte depuis que le Tea Party et Trump ont pris le contrôle du Parti républicain de l’intérieur) et est obligée de faire face au gâchis de défaire les chaînes de valeur qui ont profondément lié l’économie des États-Unis à celle de la Chine au cours des 40 dernières années.

Cette conception est devenue plus évidente depuis l’ascension de Trump aux États-Unis et a été consolidée par la posture de la Chine dans la guerre en Ukraine. (Certains experts font remonter les origines de la rivalité actuelle à 1991-2000, avec l’hégémonisme unipolaire des États-Unis. Cela vaut la peine d’être lu et débattu). ) S’il est essentiel de caractériser ce qui change dans le bloc des puissances et des anciennes puissances, cette refonte a de profondes implications pour la périphérie et la semi-périphérie.

La place de la guerre en Ukraine

L’invasion de l’Ukraine par l’armée de Poutine a accéléré le remodelage du monde géopolitique. Avec l’escalade des tensions en Asie de l’Est à propos de Taïwan et de la mer de Chine méridionale, le risque de guerres directes entre les principales puissances impériales s’est accru. Il existe un risque d’escalade nucléaire, même si ce n’est pas le scénario le plus probable. Le « nouvel ordre » en construction, qui comporte déjà la menace de conflits inter-impérialistes plus nombreux et d’une reprise de la course nucléaire, rend le monde plus conflictuel et plus dangereux.

L’invasion russe, atroce et injustifiée, de l’Ukraine décidée par Poutine le 24 février 2022 et la guerre qu’elle a provoquée ont déjà fait plus de 250 000 morts (50 000 dans l’armée russe) et près de 100 000 civils ukrainiens. La Russie continue de bombarder les zones civiles et d’attaquer les chemins de fer, les routes, les usines et les entrepôts, ce qui a détruit les infrastructures ukrainiennes. Des millions d’Ukrainiens ont été contraints de fuir le pays, laissant des familles et des communautés brisées. Elles et ils sont devenus des réfugiés, ce qui, selon les pays d’accueil, peut signifier sans statut permanent, sans logement, sans travail ou sans revenu, et faisant peser une lourde charge sur les pays voisins dont les populations se sont mobilisées pour apporter un soutien matériel.

Nous défendons le droit du peuple ukrainien à déterminer son propre avenir dans son propre intérêt et dans le respect des droits de toutes les minorités ; son droit à déterminer cet avenir indépendamment des intérêts de l’oligarchie ou du régime capitaliste néolibéral actuel, des conditions du FMI ou de l’UE, avec l’annulation totale de sa dette ; et le droit de tous les réfugié·es et personnes déplacées de retourner chez eux en toute sécurité et dans le respect de leurs droits.

La seule solution durable à cette guerre passe par la fin des bombardements des populations civiles et des infrastructures de l’énergie, ainsi que le retrait complet des troupes russes. Toute négociation doit être publique devant le peuple ukrainien. Nous luttons pour le démantèlement de tous les blocs militaires – OTAN, OTSC, AUKUS – et nous continuons également à lutter pour le désarmement mondial, en particulier en ce qui concerne les armes nucléaires et chimiques.

En Russie et en Biélorussie, celleux qui s’opposent à la guerre impérialiste de Poutine sont criminalisés. En Russie, les déserteurs de l’armée et celleux qui osent protester ouvertement sont sévèrement réprimés. Des centaines de milliers de personnes ont également été contraintes de fuir la Russie, souvent sans statut de réfugié et en subissant les effets des mesures destinées à punir les partisans du régime russe. Elles aussi méritent toute notre solidarité, et nous appelons à la fin de toute répression des opposants russes à la guerre et, si nécessaire, leur accueil dans le pays de leur choix.

Coups d’État récents en Afrique

Les récents coups d’État militaires dans les anciennes colonies françaises d’Afrique (Mali, Burkina Faso et Niger) sont un indicateur de la profonde crise sociale et politique que traverse cette région, fragilisée par la montée en puissance des actions militaires des groupes terroristes islamistes, renforcés par la défaite de Kadhafi en Libye et l’intervention des puissances occidentales. Dans ces trois pays, les militaires qui ont pris le pouvoir, sans rencontrer de résistance dans un contexte de crise de régime, ont profité du discrédit total des institutions politiques et du rejet généralisé de la présence impérialiste française au sein de la population, notamment parmi les jeunes du Sahel. Ce rejet de la France impérialiste par la population s’est également exprimé très clairement au Sénégal lors des mouvements sociaux de 2021. Dans le cas du coup d’État militaire au Gabon, qui fait partie de l’Afrique centrale et qui est également une ancienne colonie française, ce qui est décisif, c’est la crise du régime, car dans ce pays il n'y a pas de rejet de la France comme dans ses voisins.

En tout état de cause, les militaires qui sont arrivés au pouvoir n’offrent pas de véritable alternative aux politiques impérialistes et au modèle néolibéral, tout comme les islamistes qui sont arrivés au pouvoir par le biais des élections en Tunisie et en Égypte après le printemps arabe. Aucun d’entre eux ne se prononce même sur la question de l’anti-impérialisme – si puissant sur le continent dans les années 1960 et 1970 – et sur la nécessité d’une unité africaine radicalement différente de la prétendue unité représentée par l’UA et son orientation d’intégration dans la mondialisation néolibérale.

En tant que Quatrième Internationale, nous rejetons le discours impérialiste occidental qui, sous prétexte de rétablir l’ordre constitutionnel dans ces pays, veut soutenir une intervention militaire pour préserver ses intérêts. Nous soutenons la demande de retrait des troupes militaires françaises de toute la région, à commencer par le Niger. Nous exigeons la fermeture de la base militaire américaine d’Agadez au Niger et le départ des troupes du groupe Wagner. Nous soutenons tous les efforts pour récupérer la souveraineté politique et économique des peuples, dans le sens d’un mouvement nouveau et anti-systémique pour l’unité des pays et des peuples d’Afrique.

Ceux qui sont au bas de l’échelle réagissent par des mobilisations

Après la crise de 2008, les mobilisations de masse ont repris partout dans le monde. Printemps arabe, Occupy Wall Street, Plaza del Sol à Madrid, Taksim à Istanbul, juin 2013 au Brésil, Nuit Debout et Gilets jaunes en France, mobilisations à Buenos Aires, Hong Kong, Santiago et Bangkok. Cette première vague a été suivie d’une deuxième vague de soulèvements et d’explosions entre 2018 et 2019, interrompue par la pandémie : la rébellion antiraciste aux États-Unis et au Royaume-Uni, avec la mort de George Floyd, les mobilisations de femmes dans de nombreuses parties du monde, y compris la lutte héroïque des femmes en Iran, les révoltes contre les régimes autocratiques comme en Biélorussie (2020), une mobilisation de masse des paysans indiens qui a triomphé en 2021. L’année 2019 a vu des manifestations, des grèves ou des tentatives de renversement de gouvernements dans plus d’une centaine de pays – dans plus d’un pays sur trois, les soulèvements ont conduit au départ du chef d’État ou de gouvernement (Soudan, Algérie, Bolivie, Liban), à un remaniement ministériel (Irak, Guinée, Chili) ou encore à l’abandon des réformes qui firent éclore les mobilisations (France, Hong Kong, Indonésie, Équateur, Albanie, Honduras) (étude du site d’information français Mediapart, 24/11/2019, https://www.me…).

Il faut souligner, au lendemain de la pandémie, les trois mois de résistance en France contre la réforme des retraites de Macron et le soulèvement des travailleurs, des étudiants et de la population en Chine qui a contribué à mettre en échec la politique du PCC « Zéro Covid ». Aux États-Unis, le processus de syndicalisation et de lutte se poursuit dans les nouvelles branches de production (Starbuck’s, Amazon, UPS), avec l’émergence de nouveaux processus anti-bureaucratiques de base, avec des grèves de travailleurs dans l’éducation, les soins de santé et, en 2022/2023, les grandes grèves des scénaristes et des acteurs d’Hollywood, ainsi que la grève historique et jusqu’à présent victorieuse des travailleurs des trois grandes entreprises automobiles du pays.

La classe ouvrière au sens large, qui se prépare aujourd’hui aux impacts de l’intelligence artificielle (et qui résiste, comme le montre la grève des scénaristes et des acteurs américains), est toujours vivante et nombreuse, bien que restructurée, réprimée, moins consciente et organisée qu’au siècle dernier. Les grands complexes industriels survivent en Chine et s’étendent en Asie du Sud-Est. Les paysans d’Afrique, d’Asie du Sud (Inde et Pakistan) et d’Amérique latine résistent courageusement à l’invasion de l’agro-industrie impérialiste. Les peuples autochtones, qui représentent 10 % de la population mondiale, résistent à l’avancée du capital sur leurs territoires et défendent les biens communs indispensables à toute l’humanité. La défaite du Printemps arabe et la tragédie syrienne retardent la résilience des peuples du Proche et du Moyen-Orient ; malgré cela, nous avons assisté au soulèvement héroïque des femmes et des filles d’Iran.

En Amérique latine, les explosions sociales et les luttes – qui ont combiné les revendications démocratiques et économiques – sont canalisées dans les élections des gouvernements dits « progressistes » de la deuxième vague, avec toutes les différences qui existent entre les gouvernements de Lula, Amlo, Petro et Boric. Notre politique générale ne doit pas être une opposition frontale et sectaire à ces gouvernements, mais une politique de revendication et de mobilisation (y compris vers de meilleurs moyens de combattre l’extrême droite), tout en maintenant l’indépendance des mouvements et des partis dans lesquels nous agissons avec toutes leurs contradictions.

Les travailleur.es résistent toujours au capital et luttent pour leurs conditions de vie, bien que sous de nouvelles formes d’organisation du travail et de nouvelles manières de s’organiser pour lutter, et donc avec plus de difficultés que pendant les années « glorieuses » de l’État-providence du 20e siècle. L’enjeu est de travailler plus que jamais, dans chaque pays, dans chaque périphérie urbaine, sur chaque lieu de travail, dans chaque occupation et chaque grève, dans chaque nouveau syndicat de base, dans chaque nouvelle catégorie et chaque nouveau mouvement populaire de résistance à l’ordre, en s’unissant les un·es aux autres pour des revendications communes, en créant et en renforçant l’auto-organisation et la politisation anticapitaliste des revendications, en vue de la reconstruction d’une conscience des exploités et des opprimés contre le capitalisme et de leur indépendance de classe.

En Afrique subsaharienne il y a, d’une part, les mouvements dits citoyens (Le Balai citoyen, Y en a marre !, Lucha, etc.) qui semblent chercher un nouvel élan et, d’autre part, les manifestations populaires, y compris celles de l’opposition politique, auxquelles les régimes répondent aussi par une répression féroce (Sénégal, Swatini/ex-Swaziland, Zimbabwe, etc.). En général, l’ancrage à gauche ou « progressiste » (anti-néolibéral) n’est pas évident, sans parler d’une perspective anticapitaliste (évoquée par les camarades algériens lors du Hirak).

Des exigences centrales pour une nouvelle ère

Dans ce contexte général, la situation des classes laborieuses, des exploité·es et des opprimé·es met en avant différentes revendications qui combinent les domaines économiques, féministes et antiracistes avec les questions socio-environnementales et démocratiques en général – contre les régimes autoritaires, le néofascisme et tous les impérialismes. Les politiques unitaires de gauche (fronts uniques) et même l’unité transitoire avec les secteurs moyens ou bourgeois contre le fascisme (fronts larges) constituent une partie importante de notre répertoire en ces temps, mais jamais en négociant ou en acceptant la perte de notre indépendance politique ou celle des mouvements sociaux.

Les besoins fondamentaux, les droits fondamentaux doivent être satisfaits pour tous les humains, avec des soins de santé gratuits, un logement et un travail dignes et des salaires et pensions décentes, ainsi que l’accès à l’eau. Une grande partie de l’humanité dispose de moins en moins de ces avantages en raison de la privatisation de la terre et des moyens de production pour les profits capitalistes, des politiques d’austérité et du changement climatique aux conséquences catastrophiques.

Nous devons lutter contre les gouvernements autoritaires et pour les droits démocratiques, pour le droit général de la société aux soins, contre la discrimination dont les femmes sont victimes, empêchées de disposer de leur propre corps et de leur propre vie, pour le droit à l’avortement, pour l’égalité des salaires et des revenus, contre le racisme structurel qui discrimine les Noirs, les peuples indigènes et les autres ethnies racialisées, et contre l’homophobie et la transphobie qui s’attaquent à la communauté LGBTQI dans le monde.

Toutes ces luttes doivent s’unir pour vaincre les nouveaux fascismes, pour renverser les régimes d’exploitation et d’oppression, pour mener la lutte contre le capitalisme. Toutes ces tâches, au milieu des guerres, des catastrophes climatiques et des menaces d'ajustement, induisent la nécessité d’un nouvel internationalisme, un internationalisme militant des peuples d’en bas. Alors que de nombreux mouvements sociaux et mobilisations explosent aujourd’hui, il faut reconstruire des liens et des initiatives internationalistes – comme celles des travailleur·es portuaires de toute l’Europe boycottant Israël –, des campagnes qui rassemblent la gauche et les mouvements sociaux, avec des échanges qui permettent de défendre des revendications communes, de faciliter des victoires et des avancées capables de retourner la situation en faveur des majorités sociales.

21 novembre 2023

Ana Cristina Carvalhaes est journaliste, militante du PSOL (Brésil) et membre du Bureau exécutif de la Quatrième Internationale.

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