A travers ces douze interviews, Bensaïd porte un regard critique sur le court siècle : de la Révolution d'Octobre, à la chute du Mur de Berlin, en passant par la Révolution allemande, la Révolution espagnole, le fascisme, Stalingrad, la Guerre froide, la tragédie du communisme grec, la Révolution algérienne, Mai 68, le féminisme, le mouvement noir, Lumumba et les indépendances africaines, la Révolution cubaine et le guévarisme, le Chili d'Allende et le MIR, les années Mitterrand...
Révolutionnaire intransigeant, adversaire invétéré du réformisme, Daniel s'oppose au sectarisme avec autant de force, le critiquant même chez ceux qu'il admire le plus : par exemple, dans le ton des attaques de Léon Trotsky contre le POUM espagnol ou Victor Serge. Il reconnaît que son propre courant a été injuste envers Salvador Allende : comparé aux réformistes d'aujourd'hui, il était "un géant de la lutte des classes" !
Daniel a constaté la défaite des grands espoirs d'émancipation du début du XXe siècle. En 1900, les socialistes croyaient en un siècle de paix, de liberté, de justice sociale... A la fin du siècle, nous devons reconnaître notre défaite historique, une défaite sociale, politique et morale (le stalinisme). Nous entrons dans une nouvelle ère, mais nous ne partons pas de zéro : nous partons du milieu. Et nous devons nous préparer aux prochaines bifurcations, qui ne cesseront de se manifester...